C’est ma mère, Huguette, qui nous a appris le bonheur de cultiver la terre, d’abord à mon père, puis à ma soeur et moi.
Elle a grandit sur la ferme familiale jusqu’à l’age de 9 ans. La famille Moreau s’était établie à Ste-Foy, où neuf générations de cultivateurs se sont succédées; de Mathurin Moreau à mon grand-père Omer Moreau. Ils étaient maraichers et cultivaient les pommes de terre, carottes, betteraves, le blé d’inde et le choux de siam (rutabaga). Ste-Foy était d’ailleurs reconnue pour ses choux de siam, les meilleurs de la région.
La ferme a été vendue en 1954 à un promoteur immobilier à condition que la rue qui y serait ouverte porte le nom Moreau pour conserver la mémoire de cette ferme ancestrale. Suite à la vente de la ferme mon grand-père a continué de cultiver un grand potager dans sa cours arrière sur l’avenue Moreau.
Lorsque mes parents ont acheté leur premiere maison, ma mère y a fait un potager. À la culture des légumes, s’est tranquillement greffée la culture des fleurs, d’abord quelques annuelles, puis des vivaces qui allaient un jour occuper toute la cours. Dès l’arrivée du printemps, les weekends de mes parents se passaient dehors, les mains dans la terre, une pelle à la main ou au centre jardin Hamel. À la fin juin, ils faisaient exception, le temps de la traditionnelle sortie aux fraises avec mon grand-père Omer.
Au fil des années, dans leurs cours de 5000pi2, ils ont créé un jardin grandiose!
Maman, famille recomposée, employée engagée, gestionnaire… je me croyais toujours « capable » et la vie m’a rappelé mes limites et mise au repos. Je n’avais plus d’énergie et surtout plus envi de rien, j’étais triste malgré la belle vie que j’avais.
C’est le retour à mes sources qui m’a sauvé! Le retour à la nature, au jardinage. J’ai rencontré Valérie Goulet, propriétaire de Picaflore Ferme Florale, elle m’a ouvert son jardin et, les mains dans la terre, entourée de beauté, j’ai rechargé mes batteries et retrouvé le plaisir dans les petites gestes de la vie.
Je choisis une vie plus simple et plus douce, c’est ce qu’il me faut maintenant; être proche de la nature et faire du bien aux gens que je côtois en ajoutant un peu de couleur dans leur vie. C’est ainsi qu’est né Rose & Roses!
Les fins de semaine, mes parents fleurissaient notre cours, et la semaine mon père fleurissait notre intérieur et celui de bien d’autre gens. Artiste peintre, il peignait des jardins de rêve dans lesquels on peut s’échapper à l’année, malgré notre dur hiver québécois. Le jardin faisait partie de ma vie même lors des étés passés loin de la maison, parce que Claude m’écrivait et dessinait assidument sur l’état du « jardin Bon Accueil ».
De lui, j’ai appris à regarder et apprécier la nature; le retour de la couleur au jardin grâce aux tulipes au printemps, le rouge vif des pavots et des géraniums, le bleu doux des delphiniums, le port majestueux des arbres, le battement réconfortant des vagues sur la plage…
Je me rappelle en 3e année vouloir devenir botaniste, mais à 19 ans j’ai choisi le génie civil. Il m’aura fallu 20 ans dans le domaine de l’ingénierie avant de revenir à la terre. Ce fût un plaisir de travailler dans 2 belles entreprises pour lesquelles j’ai mis à profit mon sens de l’organisation et de l’efficacité. Grâce à celles-ci, j’ai développé une expertise en gestion de projet, travaillé avec des gens généreux de leur savoir et me suis faite des amis qui me sont encore si chers.
À cette époque, mes filles étaient petites et, durant l’été, elles allaient passer du temps chez mes parents, s’amuser dans le jardin, dévorer les framboises fraichement cueillies et, à leur tour, développer l’amour pour la nature qui nous entoure.
Pourquoi Rose et Roses ?